Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver
Livre du prophète Isaïe 55, 6 – 13
Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.
Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission.
Oui, dans la joie vous partirez, vous serez conduits dans la paix. Montagnes et collines, à votre passage, éclateront en cris de joie, et tous les arbres de la campagne applaudiront.
Au lieu de broussailles poussera le cyprès, au lieu de l’ortie poussera le myrte. Le nom du Seigneur en sera grandi : ce signe éternel sera impérissable.
Dieu a porté son peuple à travers l’histoire ; il est plus que jamais présent et fidèle alors que l’épreuve de l’exil à Babylone va prendre fin et que Jérusalem va retrouver sa gloire. Tout à la fin du livre du Second Isaïe, le prophète nous fait entrevoir un Dieu d’une miséricorde et d’une générosité infinies. Ce sont tous les exilés, tous les fils d’Israël, mais aussi tous les peuples, les fidèles, mais aussi les méchants et les perfides qui sont appelés à le rejoindre et à l’accueillir. Le prophète invite les hommes à revenir vers le Seigneur, à le chercher, à le fréquenter, à l’écouter et à se nourrir de sa parole. « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » : Dieu si déroutant, si mystérieux pour notre logique humaine, tu offres ta miséricorde et ton pardon là où nous chercherions sans doute la vengeance…
Au cœur d’un monde bouleversé, bousculé par la violence, la haine et la souffrance, Dieu nous appelle à garder confiance, à œuvrer sur nos propres chemins, tout en sachant, que par d’autres chemins, il veille sur sa création.
Et c’est elle, la création, qui soudainement se déploie sous nos yeux, vivante, en pleine effervescence, fidèle à la mission qui lui est confiée :
comme la terre entière est abreuvée et fécondée par l’eau qui ruisselle en abondance, l’homme est transformé, fécondé par la parole divine qui le traverse.
Ce Dieu qui parle n’est pas un Dieu qui bavarde ; c’est un Dieu qui agit quand il parle comme aux tous premiers jours de la création. La Parole de Dieu, une semence qui germe sans cesse pour réaliser le plan du salut, une semence qui s’ouvre inlassablement un chemin vers le cœur de l’homme. Chercher Dieu, oser s’appuyer sur sa parole d’une solidité et d’une efficacité absolues, c’est vivre dans la paix et dans la joie, c’est transformer sa vie en une terre fertile et généreuse, débroussailler les terres arides de nos «méchancetés» et de nos «perfidies».
Aujourd’hui, nous sommes encore confrontés à de multiples exils, plongés dans le deuil, la peur et l’incompréhension d’une pandémie, soumis à toutes les tentations de l’égoïsme et pourtant, nous sommes revigorés par la parole de Dieu qui ne cesse de faire alliance avec nous ; nous sommes illuminés par la joie et la paix de Pâques. Pouvons-nous rester attentifs, toujours, à l’invitation du prophète à «revenir vers le Seigneur» ? accueillir une parole qui ne cesse de nous abreuver et nous donne la force de faire fructifier la terre pour «faire grandir le nom du Seigneur» ?
Anne Lemoine