Le Volontariat de Solidarité Internationale avec la Délégation Catholique pour la Coopération

“Nos mondes à partager”, un témoignage de Elisabeth et Timothée NAUX

Avant même de nous rencontrer, nous avions tous les deux, via nos engagements dans le scoutisme, le désir de vivre une aventure de coopération. Très vite, c’est ensemble que nous avons cherché à concrétiser ce projet. Nous souhaitions vivre une expérience forte et totale, individuellement et en couple, perdre nos repères, sortir de notre zone de confort, pour changer de regard. Au-delà du voyage, nous voulions nous mettre au service de projets locaux, agir avec une communauté, pour découvrir une autre réalité, et partager une tranche de vie avec d’autres.

En partant en tant que volontaires de solidarité internationale avec la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération), nous allions pouvoir vivre ça, et plus encore !

La DCC est le service du volontariat international de l’Eglise en France. Fondée par la Conférence des Evêques de France il y a 50 ans, cette association de loi 1901 est reconnue d’utilité publique et agréée association d’éducation populaire. En partenariat avec les pays du Sud pour des projets de développement locaux, elle envoie chaque année 500 volontaires de par le monde, et depuis 2 ans permet également l’accueil de volontaires étrangers sur des missions de développement et de solidarité en France, via le volontariat de réciprocité.

Nous avons été envoyés par la DCC auprès de la communauté des Frères Mineurs Capucins en République Démocratique du Congo (RDC) en 2016, et nous y sommes restés 15 mois. La communauté avait notamment comme projets la restructuration et réhabilitation de son couvent originel, ainsi que le développement d’un centre des métiers (maçonnerie, menuiserie, couture), dans le village de Bwamanda, situé au nord-ouest du pays, juste à l’orée de la forêt équatoriale.

Timothée, architecte, était missionné pour gérer et coordonner le chantier de réhabilitation du couvent, et Elisabeth, psychologue du travail, avait pour missions de coordonner le centre des métiers et d’être en appui administratif pour le chantier du couvent.

Mais nous avons vite pris conscience que nos missions étaient les leviers de notre volontariat, nous permettant de vivre bien d’autres choses en plus de notre contribution à ces projets locaux. Au-delà de l’action et du faire, c’est en effet vraiment le fait d’être avec les Congolais qui nous a plongés dans toute la profondeur et la richesse de cette aventure, dans un maelstrom d’émotions, de joies et de peines. Une partie de notre vie, véritablement.

Faire l’expérience du voyage sédentaire, cela a été pour nous faire l’expérience pas toujours évidente d’être l’étranger, non pas le touriste comme on peut en avoir l’habitude à notre époque, mais vraiment celle de l’immersion dans une communauté dont nous n’avions au début aucun des codes de compréhension. Prendre le temps de gagner la confiance des gens de ce village de brousse très reculé, dépasser les préjugés, les nôtres comme ceux de nos hôtes, dépasser ensemble les frustrations, le Blanc, le Noir, l’Occidental, l’Africain, pour finalement transformer son regard et celui de ceux qui nous ont acceuillis, et se voir comme homme et femme avec ses faiblesses et ses forces. Puis, petit à petit, construire la confiance et commencer à voir le monde avec les yeux des autres… Quelle expérience bouleversante pour nous : se perdre mille fois et se retrouver tout autant…

Nous gardons mille souvenirs, sensations, odeurs, couleurs et saveurs de ces mois passés à Bwamanda : se laisser toucher par les gens, nouer des amitiés et accepter qu’elles soient différentes de nos amitiés en France, partir en brousse à moto avec les Pères de la communauté pour célébrer la messe dans de tous petits villages, partager des moments simples et vrais autour de la prière et de l’Eucharistie, chanter et danser avec les paroissiens pendant les offices et après les messes, découvrir cette joie communicative et festive de célébrer tous les temps de la liturgie…

Nous avons également pu découvrir l’Eglise locale et des pratiques de la foi qui s’expriment différemment, qui nous ont interrogés sur nos propres pratiques : l’omniprésence de Dieu pour les Congolais, dans leur langage, dans la vie et la société par exemple, ou encore la gigantesque variété des confessions, à des kilomètres de notre laïcité à la française…

Cette expérience vécue en couple nous a permis de mieux nous retrouver, de prendre du temps ensemble, de nous devêtir de certaines habitudes, d’avoir un regard renouvelé sur notre vie et le monde, de nous engager concrètement. Le retour a été complexe : être l’étranger puis s’intégrer là-bas nous a fait nous sentir étranger en rentrant chez nous, différents, transformés de l’intérieur.

Aujourd’hui comme tous les jours depuis notre retour (mais sommes-nous vraiment rentrés…?), témoigner et relire cette expérience nous permet d’en trouver de nouvelles richesses. Ce volontariat nous donne envie de repartir, en famille cette fois, et nous fait expérimenter que la vie n’a de sens qu’en se laissant transformer par les autres. S’abandonner à l’autre, pour nous, ça a été aller à la rencontre de Dieu.

Pour en savoir plus :

Elisabeth et Timothée NAUX