Réflexion sur la Fraternité

Pendant la sortie à Ste Anne d’Auray de mars 2019, les paroissiens ont échangé sur « la fraternité » et « l’amour fraternel », en référence à la parabole dite du Bon Samaritain (Lc 10, 25-37). La ferveur et l’enthousiasme des discussions ont témoigné des efforts personnels et collectifs pour confronter sa vie de citoyen, de chrétien et de paroissien aux exigences de la fraternité : accueil de la différence, bienveillance, ouverture au monde, disponibilité, écoute ; avec aussi la conscience de ses limites : individualisme, rancune, souci de préserver sa liberté, incompréhension de l’autre, peur de s’engager, indifférence… Beaucoup ont exprimé leur crainte face aux valeurs républicaines de la fraternité tant malmenées actuellement.

Ces riches dialogues m’ont inspiré quelques réflexions. Cette parabole transmise par Luc pose à chacun cette question cruciale : « Qui est mon prochain ? Qui est mon frère ? » Merveilleuse et efficace pédagogie du Christ qui n’impose pas de réponse, mais ouvre un chemin de conversion en chacun de nous pour trouver la solution, comme une évidence : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui » !

Qu’en est-il de mon prochain aujourd’hui ? Comment vient-il me bousculer dans ma vie de tous les jours ? Au-delà d’une appartenance à un groupe identifié, le quartier, les « cathos » de la paroisse, les associations, l’urgence est de reconnaître l’autre, tel qu’il est, de lui permettre de s’ouvrir à ses propres dons, de faire place à son étrangeté… Toute relation qui se noue avec l’autre, comme frère, m’engage à la suite du Christ, dans la réalisation de sa mission.

Prendre part à une dynamique de fraternité, c’est se risquer à franchir les frontières de nos représentations, de nos statuts, de nos rôles, des apparences. La fraternité : c’est l’horizon de la foi, cette humanité réconciliée pour laquelle Jésus le Christ ouvre le Royaume du Père

La Fraternité : ce sont toutes nos manières d’être si dérangeantes soient-elles, toutes nos façons « de voir et d’être saisis de compassion » qui fécondent concrètement la mémoire du Christ sur un chemin de conversion sans cesse à reprendre. Faire Église, participer chacun à notre mesure à la réconciliation d’une humanité en ad-venir : « Va et toi aussi, fais de même ».

Anne Lemoine, paroissienne