Que ma joie demeure – Jean Giono

Résumé
Lors d’une nuit provençale où « les étoiles ont éclaté comme de l’herbe », Bobi le saltimbanque surgit sur le plateau. Pour le fermier Jourdan qui invite l’étranger chez lui, cette visite relève de la Visitation. Par ses incroyables paroles, Bobi s’annonce comme un personnage christique, gouverné par la joie, qui va bouleverser le « travail triste » des paysans du coin, leur révéler une vie plus authentique, plus risquée aussi, tant elle exige de confiance en l’homme et dépasse les égoïsmes. L’argent n’est plus utile ; on parle de mettre le blé en commun… Avec Aurore et Joséphine, deux fruits sensuels, l’utopie bascule dans le drame…

« Quand on dit qu’il n’y a pas de joie, on perd confiance. Il ne faut pas perdre confiance. Il faut se souvenir que la confiance c’est déjà de la joie. »

« À quoi bon toujours garder sa vie soigneusement comme une petite noisette douce? Est-ce qu’on ne peut pas, un bon coup, la jeter toute entière du côté de ce qu’on aime? »

Un de ceux-là. Voilà ce qu’il fallait. Un homme avec un cœur bien verdoyant. Et rien que de savoir que celui-là existe on entend le chant de la flûte et l’espoir vous porte même dans les longs chemins qui font le tour des forêts. Ils s’étaient arrêtés depuis un moment, Jourdan et le cheval, sans se rendre compte. Le temps ne presse pas. Espérer fait peut-être vivre.
« Maintenant, les étoiles étaient dans toute leur violence. Il y en avait de si bien écrasées qu’elles égouttaient de longues gouttes d’or. On voyait les immenses distances du ciel
– Une seule joie, et le monde vaut encore la peine. Tu ne réponds pas ?
– Tu me troubles.
– Une seule joie et nous avons patience.
– Tu m’as touché dans un endroit très enfoncé en moi et où je défends qu’on me touche.
– Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière petite goutte nous fait encore vivre.
– Tais-toi, il me semble que je vais me réveiller avec une faim terrible. »

« Le monde se trompe, dit Bobi.
Vous croyez que c’est ce que vous gardez qui vous fait riche. On vous l’a dit. Moi je vous dis que c’est ce que vous donnez, qui vous fait riche (…).
Vous n’avez pas d’autre grange que cette grange-là, dit-il en se frappant la poitrine.
Tout ce que vous entassez hors de votre cœur est perdu. »

(source internet Booknode)
texte proposé par Gaëlle