La fête du Christ, Roi de l’univers

© Anaik Simon

Commentaire Évangile

dimanche 22 novembre 2020 :Mt 25, 31-46

Un peu d’histoire

La fête du Christ-Roi a été instituée par le pape Pie XI, il y a tout juste 100 ans. Dans un monde où il voyait progresser l’athéisme et l’indifférence religieuse, ce pape voulait que les catholiques marquent encore plus leur attachement au Christ-Seigneur, déjà célébré par les liturgies de Noël, de l’Epiphanie, de Pâques et de l’Ascension. Il voulait que soit affirmée la souveraineté du Christ sur les hommes et sur les institutions. Peut-être portait-il en lui un dernier rêve de chrétienté ?
Quelques dizaines d’années plus tard, dans le climat post-conciliaire de Vatican II, cette fête a pris le nom de « Fête du Christ, Roi de l’univers », pour souligner que la venue du règne du Christ concerne l’univers entier comme une promesse à venir, pour le cosmos, pour les hommes de tous les temps et de partout. Cette fête est maintenant placée à la fin de notre année liturgique, juste avant le 1er dimanche de l’Avent qui commence une nouvelle année chrétienne…

« Tu l’as dit, Je suis Roi »

Parler du Christ Roi nous reporte à la nuit de la Passion. Dans le récit de l’évangéliste saint Jean, Pilate demande à Jésus : « Alors, tu es roi ? ». Jésus lui répond : « C’est toi-même qui dis que Je suis roi. » Voilà une réponse bien prudente, face à l’autorité romaine représentée par Pilate !

Si Jésus accepte de se laisser désigner comme « Roi », en quel sens le fait-il ? Il le précise ainsi : « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il écarte ainsi la tentation de se situer sur le terrain politique. La royauté dont il parle n’est pas une royauté terrestre.

Mais alors, quel genre de « royauté » ?
Certains parleront de « royauté spirituelle ». Cette formule est intéressante pour dire que, grâce à Jésus, Dieu règne déjà sur nos cœurs, sur nos vies ! Jésus nous apprend que Dieu est proche, comme un Père et que nous avons notre place dans sa famille. La prière, l’engagement dans la foi, la vie dans l’Eglise nous introduisent déjà dans ce Royaume, inauguré dès maintenant par la venue de Jésus !

Le mot « spirituel » ne veut pas dire ici hors du temps, ni désincarné, mais « habité » par l’Esprit de Dieu. L’annonce du Royaume porte en germe l’espoir que le Christ portera à son achèvement en Dieu notre monde, notre monde réel, et donc le cosmos et toute l’humanité.

Adopter le « style » de Jésus

Comment fêter le Christ, Roi de l’univers ? Si le temps du confinement nous le permet, une des bonnes manières serait de relire le récit de la Passion, par exemple chez l’évangéliste Luc (chapitres 22-23).
Nous voici au cours de ce dernier repas partagé par Jésus et ses apôtres. Dans ce moment empreint de gravité, les apôtres sont en train de se disputer : qui est le plus grand ! Cette querelle déplacée leur vaut une belle explication de Jésus, une explication qui nous est utile en ce jour de fête du Christ, Roi de l’univers. Jésus leur fait découvrir où est la vraie grandeur ! « Les rois des nations agissent en seigneurs… Le plus grand parmi vous est celui qui sert. Moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert. ». Voilà la vision de la Royauté qui habite Jésus et oriente sa mission.

A nous aussi, le style de Jésus peut paraître déroutant et renversant ! Mais il nous fait comprendre que partager son repas pascal, son eucharistie, c’est adopter aussi son choix de vie et son style : « Que le plus grand parmi vous prenne la place du serviteur et celui qui commande, la place de celui qui sert. » Adopter le style de Jésus nous fera renoncer aux idées de domination, aux prétentions de conquête. Y compris dans la transmission de la foi. Jésus offre son évangile à des personnes libres ! A ce sujet, on pourra relire utilement les belles pages d’un petit livre dont nous avons déjà fait la promotion, le livre d’Adrien Candiard, A Philémon, qui nous parle si bien de la liberté chrétienne.

Le service du frère

La liturgie de ce dimanche 22 novembre nous donne à méditer la fameuse Parabole du Jugement Dernier (Matthieu 25, 31-46). Nous aimons beaucoup cette parabole, même si elle nous laisse parfois avec autant d’interrogations que d’éclaircissements ! Nous aimerions tant connaître plus de détails sur notre rendez-vous final avec Dieu ! Mais décidément, il ne s’agit là que d’un récit imagé, il n’y a rien à prendre au pied de la lettre !

Pourtant des indications fortes sont à retenir. Nous noterons que c’est bien au cœur de notre vie réelle, quotidienne et concrète, que nous engageons notre lien éternel avec Dieu. L’amour et le service des autres en sont les critères déterminants.

Relisons alors ce dialogue imaginé par Jésus entre un roi qui siège et des gens qui se présentent à son tribunal. De quoi ces gens ont-ils à rendre compte ? Uniquement de la manière dont ils ont servi et aimé leurs frères les plus malmenés, les plus cabossés ! Et notons-le, même les « élus » n’en reviennent pas : « Mais quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu avais donc faim, soif, tu étais nu ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Réponse du roi : « Chaque foi que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ».

Le Christ, Roi de l’univers, tourne bien nos regards vers le Christ-Serviteur. En cette période de confinement, nous gardons en mémoire cette image de Jésus lavant les pieds de ses disciples. Nous saurons rencontrer et servir nos frères. Et si toutefois, nous manquions d’idées, la lecture de cette newsletter pourra nous en donner quelques-unes.
Gilles Priou

Prière Universelle

« Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes je m’occuperai de mes brebis et je veillerai sur elles ».
Seigneur Jésus, regarde les hommes qui se sentent actuellement abandonnés et désespèrent pendant cette crise sanitaire et sociale. Viens leur donner courage et espérance et délivre les de leurs angoisses.

« Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? »
Le monde traverse l’épreuve d’une épidémie mais les conflits en particulier dans le Sahel, le Caucase et en Ethiopie, les famines ne sont pas suspendus pour autant.
Prions le Seigneur, qu’Il donne aux gouvernants la force de prendre les décisions qui œuvrent en faveur de la paix et du développement de chaque être humain.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Jésus, toi qui es Roi, tu prends le visage du pauvre, du délaissé, de l’étranger.
Que notre communauté paroissiale soit de plus en plus attentive à t’accueillir dans chaque homme, femme et enfant rencontré et se mette à leur service.

En cette fête du Christ Roi de l’Univers, tu nous rends participant, par l’onction du Saint Chrême reçu au baptême et à la confirmation, à ta mission de prêtre, prophète et roi.

Prions le Seigneur, qu’il affirme notre foi et nous donne l’espérance du Salut.