Le missel : une nouvelle traduction

Le missel romain, toute une histoire !

Le 28 novembre 2021, premier dimanche de l’Avent, les catholiques francophones de rite latin auront entre les mains une nouvelle traduction du missel romain, promulgué par le pape Paul VI en avril 1969 et révisé par le pape Jean-Paul II en 2002.

Sur les cinq continents, des catholiques de rite latin participent à la messe. Pour célébrer, ils utilisent un livre de référence commun : le missel romain. D’où vient-il ? Au fur et à mesure que le christianisme prend de l’ampleur, au 4e siècle, la prière de l’Église est mise par écrit et comporte des indications sur les rites et les prières à prononcer (les libelli ou feuilles détachées). Le latin remplace le grec et s’impose comme la langue commune de l’Occident.

À partir du 6e siècle, ces feuillets sont rassemblés dans des livres liturgiques : les « sacramentaires » et les « lectionnaires » (ce qu’il faut dire) ; les « ordines » (ce qu’il faut faire).

Tout au long de son histoire, le rituel de la messe latine connaît des ajouts ou des modifications selon les régions. Simultanément, le pouvoir central (pape ou empereur) tend vers une unification.

A partir du 10e siècle, apparaissent les premiers « missels fusionnés » qui deviennent la forme propre de la messe : dans le même ouvrage, sont rassemblés les lectures bibliques, les prières et les rites de la messe.
En réaction aux mouvements de protestation religieuse qui ébranlent la société occidentale au 16e siècle, le Concile de Trente confie au Pontife romain le soin d’unifier la diversité des bréviaires et des missels en usage. En 1570, le pape Pie V promulgue solennellement le Bréviaire romain et le Missel romain : ce sera le missel « tridentin ».

Au 20e siècle, l’Église est traversée par un puissant mouvement de
« rénovation » liturgique qui aboutit à la publication de la Constitution sur la sainte liturgie (Sacrosanctum Concilium) en 1963. Le missel en usage aujourd’hui est publié en 1969 à la suite des travaux du Concile. Il a fait l’objet d’un travail de simplification et d’enrichissement grâce à la redécouverte des prières liturgiques du temps des Pères de l’Église.

Dans son projet de révision des livres liturgiques, le Concile a distingué :

  • ce qui est « immuable » : la présence de Jésus mort et ressuscité quand des croyants sont réunis en son nom ; l’Écriture proclamée et reçue par l’assemblée ; la communion au corps et au sang du Christ en mémoire de lui.
  • ce qui est « sujet au changement » : tout ce qui porte attention à la culture, à l’époque et au lieu où s’exprime la foi des fidèles.

Le missel dans son usage actuel a été écrit pour le bien commun de toute l’Église et il a pour objectif de chercher à faire grandir l’unité. Au début des années 2000, l’Église a souhaité que toutes les traductions en langues vernaculaires (ou locales) soient revues selon des critères qui ont été longuement discutés. Le pape François a invité les traducteurs à une triple fidélité :

  • Fidélité au texte latin : la « prière de l’Église » manifeste la « foi de l’Église », exprimée dans la langue originelle, le latin, comme un enjeu d’unité
  • Fidélité à la langue de traduction : le respect des images, des formulations propres à chaque langue.
  • Fidélité à la compréhension des fidèles : chaque langue est plongée dans une culture, une époque et un espace donnés.

La nouvelle traduction du missel romain qui entre en vigueur à l’Avent 2021 est le résultat d’un travail collectif et minutieux. Qu’elle nous aide à pleinement « vivre la messe », inscrits dans la longue Tradition de l’Église et inspirés par une parole plus que jamais vivante !
Anne Lemoine